Le vin bourru
Jean-Claude Carrière
« ... car né dans une culture, j’ai vécu dans une autre.
De là mille questions sur ce qui nous fait et nous
défait. Sur ce que nous avons perdu, gagné, sur ce qui
nous reste... »
Jeu
Gilles Buonomo
Direction d’acteur
Gregory Nardella
Pourquoi le vin bourru ?
Lorsque l’on choisit d’adapter un roman au théâtre, c’est souvent pour des raisons personnelles précises. La raison la plus élémentaire ou première serait de
dire tout simplement « cela me plait, voilà tout » Pour le reste, c’est une affaire
de théâtre, de mise en voix. Le spectacle est déjà là, il reste à le produire à le
mettre en jeu. Or, il n’en est rien ; au début, on en sait rien ou si peu .Mais le
reste est présent sur votre bureau, il vous parle, vous interroge au cours du
travail, vous propose des va et vient incessants entre votre propre perception et
celle de l’autre.
Le texte de Jean Claude Carrière couvre une période de sa vie, celle de son
enfance. Il nous interroge sur ce qui nous défait, sur ce que nous avons
perdu , gagné, sué, ce qui nous reste. C’est peut-être ce qui me plaît le plus dans
ce texte. Cet aller et retour permanent entre hier et aujourd’hui. Était ce mieux
avant ? Je n’en ai pas l’assurance, ni même la certitude. Nos grands-parents
n’ont jamais regretté la lampe huile !
En ce qui me concerne, je suis loin de ces images rurales du temps jadis, de ces
rythmes de vie si particuliers qui construisaient le quotidien. Mais aujourd’hui je
me questionne sur ce qu’est devenu notre quotidien, ou plutôt comment devons
nous construire avec lui dans un monde où tout se précipite et où l’arrêt sur
l’image est souvent synonyme d’angoisse.
Le « vin bourru » au contraire propose de se poser, de prendre le temps pour
chaque chose et même si en ce temps-là, jadis, il y avait mille choses à faire. On
savait pourquoi on les faisait, il y avait une sorte d’évidence, une loi naturelle
que l’on pouvait suivre ou laisser de côté plus tard, en grandissant. Les autres, la
nature, la famille vous servent de guide. Vous n’êtes jamais seul... Peut-être
qu’en ce temps-là-là le sentiment de solitude n’existait pas.
Jean-Claude Carrière nous offre un conte comme il sait le faire et propose
une lecture à haute voix de son enfance.
Le « vin bourru », c’est encore et surtout une rencontre avec un auteur, un
voyageur, un sage né à Colombières, au pied du mont Carroux.
Jean Claude Carrière, on le sait, ne cesse de voyager, d’ailleurs personne ne
sait jamais trop où il se trouve. Il voyage avec les mots.
Le « vin bourru », c’est une vallée dans l’arrière-pays bitterois, un espace lové
au pied d’une montagne sacrée, d’ailleurs, souvent un cousin ou un neveu y est
né, l’arrière grand-père y posait des pièges ou ramenait des écrevisses qui
amélioraient l’ordinaire.
Le « vin bourru », c’est aussi et surtout l’histoire d’une vallée juste à côté de
chez moi. Une montagne nous sépare.
Mon territoire de vie, c’est Minerve et bien qu’étant un « estrangier d’aqui » je
m’y sens plutôt bien. Avec l’auteur, nous sommes « voisins », c’est lui qui me l’a soufflé.
Proposition dramaturgique et scénographique
Au théâtre comme à la vie, la parole solitaire, en détaillant un thème ou un
problème suggère de multiples issues, une quantité de choix possibles qui
placent celui qui parle dans l’embarras, et évacue toute éventualité d’un choix
unique.
Le « Monologueur » se retrouve rapidement dans la situation d’un voyageur qui
doit prendre un train sans connaître la destination. Spirale de mots, d’actions, changements de lieu, évocation d’espaces.
Où sommes nous au passé, au présent ?
Le vin bourru s’inscrit comme un roman autobiographique sur une période de
vie, ici une enfance.
Un personnage : l’acteur
Il est nécessaire de créer un pacte entre le public et l’acteur. Le point de vue du
spectacle reste celui d’une solitude : ôter du décor tout élément qui situerait trop
précisément l’action, définirait un espace trop réduit où l’on rentre, d’où l’on
sort, manipuler l’existence comme le font les marionnettistes, déplacer une vie.
La forme théâtrale : le monologue
Au fil d’une vie, nous passons plus de temps à monologuer qu’à dialoguer, nous
passons beaucoup de temps à nous parler à nous-mêmes, à parler aux cailloux, à
Dieu, à notre père qui est mort.
Nous sommes nous-mêmes monologues et nous retournons à notre rumination.
Le monologue est une forme qui va dans le sens du creusement, de la
biographie, de la réminiscence du souvenir, du projet à la prophétie, de tous les
excès.
Nous avons tous nos petites histoires. Celles de nos amours, celles de
nos échecs, celles de notre vie.
Et tous, nous avons envie de raconter ces petites histoires...
Mais ce n’est pas toujours facile !
Les étapes du travail
Lecture avec l’auteur à la MJC de Béziers
Lecture en scène à Pézenas Médiathèque
Résidence à Félines Minervois pour une mise en jeu Théâtrale.
Rencontre avec JC Carrière au Printemps des Comédiens
Jean-Claude Carrière